Maigrir — Plus difficile qu’avant
Des chercheurs canadiens des universités de York
(Toronto) et d’Alberta (Edmonton) ont démontré
qu’il est plus difficile de maigrir aujourd’hui qu’en
1971. Ils ont évalué les informations d’une base
de données (National Health and Nutrition Survey
[NHANES]) qui porte sur 36 377 adultes américains
entre 1971 et 2008, pour l’alimentation, et sur
14 419 adultes entre 1988 et 2006, pour l’activité
physique. Leur analyse, basée sur un modèle
statistique, révèle qu’une personne mangeant, en
2008, la même quantité de calories qu’une
personne similaire, en 1971, pesait 10 % de plus [1] !
Qui plus est, dans un commentaire de la
nutritionniste Leslie Beck (de Toronto) à propos
de cette étude, nous apprenons que, selon une
enquête de Statistique Canada [2], nous
consommons en réalité moins de calories que
nos parents [3] ! Et pourtant…
Les taux d’embonpoint et d’obésité continuent de grimper. Pourquoi ?
Les résultats de l’étude nous orientent vers une explication. Aux États-Unis, la consommation de glucides (proportion dans l’alimentation) a augmenté de 10–14 %, mais la consommation de protéines et de lipides a diminué de 5–9 %. On constate donc que le type d’alimentation a changé : plus industrialisé et plus raffiné. Comme les chercheurs, Leslie Beck dénonce l’alimentation dénaturée qui sévit aujourd’hui. Elle attire également notre attention sur d’autres causes probables.
Nous vivons dans un environnement beaucoup plus toxique qu’au courant des années 1970. De très nombreuses substances chimiques sont apparues dans notre environnement, et plusieurs d’entre elles agissent comme perturbateurs hormonaux (pesticides, additifs alimentaires, cosmétiques, ignifuges, etc.). L’exposition constante à ces substances, depuis le ventre de la mère jusqu’à l’âge avancé, pourrait reprogrammer notre métabolisme.
Et ce n’est pas tout ! Plusieurs médicaments, comme les antidépresseurs, ont pour effet secondaire un gain de poids, et le nombre de prescriptions de ces médicaments ne cesse d’augmenter.
Notre style de vie effréné, l’obligation (souvent auto-imposée) d’être constamment connecté (cyberdépendance), et le manque chronique de sommeil (nous dormons en moyenne une heure de moins par nuit qu’il y a 100 ans), avec le taux élevé de stress qui s’ensuit, affectent notre sécrétion de cortisol (hormone du stress) et peuvent faire augmenter la glycémie et le tour de taille.
Je veux maigrir, mais comment ?
Si je vous dis que maigrir passe par l’alimentation et l’exercice, vous me direz qu’il n’y a là rien de nouveau. C’est vrai, mais ce que vous ne saviez peut-être pas est qu’il n’est pas nécessaire de couper les calories pour maigrir. La recette, c’est d’améliorer la qualité de ce qu’on mange : réduire les additifs et les aliments raffinés et augmenter les aliments bruts, la cuisine maison. Nous mangeons trop de glucides (sucres et féculents), et pas assez de protéines et de bons gras.
Ensuite vient l’activité physique. Si nous sommes plus efficaces que nos parents pour stocker l’énergie, alors il faut aussi être plus efficaces pour bruler les surplus. Le choix de l’activité vous appartient, mais il est important de faire assez d’exercice pour avoir chaud, au moins une demi-heure par jour, cinq fois par semaine.
Finalement, puisque les perturbateurs hormonaux font partie des coupables, il faut aussi s’en occuper : manger bio le plus possible, réduire notre usage de plastiques dans la cuisine, etc. Et comme ils s’accumulent dans l’organisme, il faut trouver un moyen de s’en débarrasser. Plusieurs personnalités des sciences de la santé conventionnelles s’élèvent contre les produits détox, mais peut-être devrait-on les considérer un peu plus. Certaines plantes, notamment le chardon-Marie, peuvent aider le corps à dégrader les substances perturbatrices pour faciliter leur élimination.
Dans son article, Leslie Beck termine avec un mot de sagesse : Si vous avez une très bonne alimentation, que vous êtes actif/active, et que vous aimez la vie, dites-vous bien que votre poids-santé est peut-être plus élevé que vous ne le croyez. De plus, certaines personnes sont plus sensibles aux facteurs environnementaux et ont donc plus de problèmes à contrôler leur poids. Bref, soyez réalistes dans vos objectifs de poids et libérez-vous de l’obsession de la balance. La vie est trop belle et trop courte pour la manquer par un bourrelet, si mal placé soit-il.
Santé !
Références
Jean-Yves Dionne
Pharmacien, formateur, consultant clinique, et conseiller
scientifique en produits de santé naturels (PSN), il
enseigne à l’Université de Montréal et à l’Université de
Laval.