La biotine : Pour les cheveux, la peau, et les ongles
La biotine est un nutriment hydrosoluble essentiel de la famille des vitamines B, constituant un cofacteur important des réactions métaboliques cellulaires. On connaît cinq enzymes dépendantes de la biotine (des carboxylases), impliquées dans le métabolisme du glucose, des acides aminés, des acides gras, et du cholestérol. Les symptômes d’une carence en biotine sont notamment perte de cheveux, dermatite, éruptions cutanées — en particulier des rougeurs squameuses caractéristiques autour des yeux, du nez, de la bouche, et des parties génitales — ainsi que des troubles neurologiques.
Carences
La biotine est présente dans de nombreux aliments, tout particulièrement dans le jaune d’œuf, le foie, et la levure. L’apport recommandé pour un adulte est de 30 mcg/j, et de 35 pour une femme qui allaite. Les facteurs de risque d’une carence en biotine comprennent :
- la consommation habituelle de blanc d’œuf cru (qui empêche l’absorption de la biotine) ;
- une nutrition exclusive par intraveineuse sans biotine ;
- le tabagisme (qui augmente le catabolisme de la biotine) ;
- les troubles hépatiques (qui réduisent la biotinidase) ; et
- la prise d’anticonvulsif (qui épuise les réserves de biotine).
Enfin, quelques études suggèrent qu’un certain nombre de femmes pourraient développer une carence marginale en biotine au cours d’une grossesse normale. Une étude pilote a mesuré le taux d’une enzyme dépendante de la biotine, la propionyl-CoA carboxylase (PCC), dans les lymphocytes de femmes enceintes. La réduction d’activité de cette enzyme indique une carence en biotine. Dans une étude transversale portant sur 22 femmes enceintes, on a observé chez 18 d’entre elles une baisse d’activité de la PCC. De même, dans une autre étude pilote, quatre femmes enceintes présentant une diminution d’activité de la PCC ont reçu un complément de biotine de 300 mcg/j pendant deux semaines. En moyenne, cette supplémentation a provoqué chez elles une hausse d’activité de la PCC de 95 %, suggérant que « la carence marginale en biotine est un phénomène courant dans la gestation humaine normale ». La carence en biotine est, de plus, liée à des malformations congénitales telles que les fentes palatines et les anomalies de croissance osseuse fœtale. Une autre étude a révélé que les femmes qui allaitent éliminent « 76 % de bisnorbiotine (un catabolite de la biotine) en plus, ce qui montre que la lactation accélère la perte et le renouvellement de biotine ».
Données
Peau, cheveux, et ongles
La biotine est utilisée depuis des décennies pour la santé des cheveux, de la peau, et des ongles. Utilisée seule, à la dose de 2,5 mg/j pendant plusieurs mois, elle améliore l’état des ongles. Lors d’une étude portant sur 45 patients pouvant être évalués, 41 (soit 91 %) présentaient « une nette amélioration, avec des ongles plus durs et plus solides, après un traitement moyen de 5,5 ± 2,3 mois ». Dans une autre étude, la fragilité des ongles était évaluée au microscope électronique, montrant « moins de fissures, et une augmentation de 25 % de l’épaisseur de l’ongle chez les patients ayant reçu de la biotine pendant 6 à 15 mois ». La biotine est également utilisée dans des préparations contre l’acné.
Enfin, une étude pilote a révélé qu’une supplémentation en biotine réduisait la dermatite (éruption cutanée) provoquée par certains traitements contre le cancer ciblant le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), des inhibiteurs de la tyrosine kinase (TKI) : l’erlotinib et le gefitinib. La biotine a réduit chez tous les patients l’éruption provoquée par ces traitements ; pour deux patients en particulier, chez qui des éruptions cutanées intolérables avaient conduit à interrompre le traitement, l’administration de biotine a permis des soins à long terme au gefitinib et à l’erlotinib.
Chez les enfants souffrant de pertes de cheveux dues aux anticonvulsifs, on a constaté qu’une supplémentation à 10 mg/j de biotine pendant trois mois permettait d’interrompre la chute des cheveux. La biotine pourrait aussi être efficace contre les pertes de cheveux suivant l’accouchement, en raison des carences observées au cours de la grossesse, mais on manque de données pour confirmer cette possibilité.
Maladies neurologiques
Les effets potentiels de la biotine sur le développement de la sclérose en plaques (SP) constituent un nouveau domaine de recherche. Dans un essai randomisé en double aveugle contrôlé contre placébo, 154 patients atteints de SP progressive avec aggravation au cours des deux années précédentes ont reçu chaque jour, pendant douze mois, 300 mg de biotine ou un placébo, à la suite de quoi les deux groupes ont reçu un traitement à la biotine pour douze mois supplémentaires. Au total, treize patients (12,6 %) traités à la biotine ont satisfait au principal critère d’évaluation pour la réduction d’invalidité au neuvième mois (confirmé au douzième mois), contre aucun des patients traités par placébo. Le traitement à la biotine a également réduit, par rapport au placébo, la progression du score d’invalidité et a amélioré l’évolution perçue cliniquement. La biotine a été bien tolérée. Des résultats similaires ont été obtenus par le même groupe dans une étude pilote antérieure.
En conclusion, la biotine semble avoir un excellent profil d’innocuité, la dose de 300 mg/j ayant été bien supportée pendant deux ans. La biotine pourrait constituer un nutriment important pour la grossesse et l’allaitement. Quelques études suggèrent qu’elle serait bénéfique pour l’état des cheveux, de la peau, et des ongles dans diverses situations. L’utilisation de doses élevées de biotine contre la SP est un nouveau domaine de recherche très stimulant. Les patients consulteront un praticien de soins de santé pour savoir si la biotine est indiquée dans leur cas.
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Philip Rouchotas, MSc, ND, est un naturopathe renommé dans la communauté. Il est aussi professeur associé et rédacteur-en-chef d’Integrated Healthcare Practitioners.
Heidi Fritz, MA, ND, est une praticienne en naturopathie depuis 2007. Elle s’intéresse à la santé des femmes et des enfants, à la douleur chronique, et plus.