Santé infantile : débuter sur de bonnes bases
Novices ou expérimentés, tous les parents se préoccupent de la santé de leurs enfants. Ceux-ci semblent tomber malades plus souvent que les adultes, notamment quand ils sont en contact fréquent avec d’autres enfants. Ils ont aussi tendance à être difficiles concernant l’alimentation. En outre, les jeunes enfants ne savent pas toujours comment exprimer ce qu’ils ressentent, et les parents se voient décontenancés quant à ce qu’ils pourraient faire pour leur santé.
Alimentation
Pour commencer, assurez-vous que l’alimentation de vos enfants contienne suffisamment de fruits et légumes colorés, de protéines de bonne qualité, et de « graisses santé ». Les fruits et légumes peuvent consister par exemple en du concombre (épluché) ; des bâtonnets de carottes ; des soupes ou des plats à base de carottes, patates douces, courgettes, ou autres légumes cuits (donc plus faciles à mâcher et à digérer) ; des baies ; des pommes à la cannelle ; de la compote de pomme faite maison ; ou d’autre fruits. Vous saurez ainsi que vos enfants absorbent d’importants nutriments que sont les vitamines et les antioxydants végétaux, en plus des fibres. Cela les aidera aussi à développer, en grandissant, leur gout pour ce type d’aliments.
Les protéines sont essentielles à une croissance optimale des muscles, des os, et des phanères (poils, cheveux, et ongles), ainsi que pour le système immunitaire. Les meilleures protéines sont en général d’origine animale, comme les œufs, le poulet, le bœuf haché, et d’autres types de viandes tendres. Une omelette avec quelques légumes finement émincés et un peu d’huile d’olive : voilà une façon agréable d’absorber des protéines, des légumes, et quelques bons gras. Les enfants aiment aussi les viandes tendres et faciles à mâcher : du poulet rôti coupé en petits morceaux ou du steak haché (si possible bio) sont des plats tout appropriés pour l’apport de protéines. S’il n’y a pas de problème d’allergie, les fruits à coque tels que les noix de Grenoble et les amandes, mangées seules ou ajoutées à d’autres aliments, sont une excellente source de protéines et de bons gras.
Les bons gras sont importants pour le développement du cerveau et pour la croissance en général. On en trouve dans l’avocat, la noix de coco, l’huile d’olive extra-vierge, les fruits à coque, et les beurres de noix (sans sucre ajouté !), ainsi que dans les produits laitiers gras tels que les yaourts non sucrés ou les fromages artisanaux.
Dans le cadre d’une alimentation saine, il est également important de limiter les aliments contenant du sucre ajouté, les aliments industriels raffinés et transformés, les bonbons, les boissons gazeuses et sucrées, etc. Jouer dehors et faire de l’exercice est aussi essentiel au développement tant physique que psychique. Les recommandations actuelles sont d’une heure d’activité physique quotidienne au minimum.
De nombreuses données sont disponibles pour comprendre les effets de l’alimentation sur la santé infantile [1]. Concernant le régime méditerranéen (beaucoup de fruits et légumes, de bons gras dont l’huile d’olive et les fruits à coque, une quantité limitée de protéines animales, et le moins possible d’aliments industriels), on sait qu’il permet de réduire l’obésité et d’améliorer les paramètres métaboliques tels que la glycémie et le taux de cholestérol des enfants [2]. En outre, la modélisation et la normalisation d’habitudes alimentaires saines permettent aux parents de pérenniser ce type de comportement chez les enfants.
Suppléments alimentaires
En plus des vitamines alimentaires, on sait qu’une supplémentation incluant plusieurs compléments importants apporte des avantages additionnels. Un complexe multivitaminé de bonne qualité permet d’apporter des éléments absents de l’alimentation, en particulier chez les enfants difficiles. Les vitamines B, dont l’acide folique, sont importantes pour le métabolisme des neurotransmetteurs cérébraux, pour la production des globules rouges, et pour le maintien du niveau énergétique. La vitamine C joue un rôle notable pour combattre les infections. Les oligoéléments, dont le fer et le zinc, sont essentiels pour la croissance et le système immunitaire.
On observe au Canada une carence massive en vitamine D, en raison de la faible exposition au rayonnement solaire ultraviolet B pendant l’hiver. Même l’été, beaucoup d’enfants canadiens passent la majeure partie de leur temps à l’intérieur. La vitamine D est cruciale pour la bonne formation des muscles et des os ainsi que pour l’activité immunitaire. La supplémentation en vitamine D permet de réduire l’incidence des infections respiratoires [3]. À l’inverse, un faible taux de vitamine D est associé à la résistance à l’insuline qui prépare le nid du diabète [4], ainsi qu’à l’anxiété [5]. On sait de plus que la vitamine D est bénéfique pour lutter contre certaines affections courantes chez l’enfant, dont l’énurésie (le pipi au lit) [7], l’asthme [6], et des infections respiratoires plus graves [8].
Les probiotiques, ou « bonnes bactéries », sont un autre élément important pour le bon développement du système immunitaire de l’enfant. Nombreuses sont les nouvelles preuves apportées chaque jour à propos des effets bénéfiques du microbiote sur la santé. Les bactéries logées dans le tube digestif et les muqueuses jouent un rôle pour « entrainer » les cellules immunitaires à réagir à certaines protéines alimentaires et aux autres allergènes auxquels l’organisme peut être exposé [9]. Les probiotiques aident également à combattre les infections et à limiter les effets secondaires des antibiotiques [10[11]. Les études montrent qu’une supplémentation en probiotiques permet de réduire les infections respiratoires et les otites [10], de limiter la gravité de l’exéma [12], et de réduire le risque de diarrhée provoquée par les antibiotiques [11].
Enfin, les acides gras oméga-3 du poisson, l’acide eicosapentaénoïque (AEP) et l’acide docosahexaénoïque (ADH), sont des nutriments essentiels pour la santé neurologique et le développement immunitaire. Une étude menée en 2018 auprès de jeunes enfants canadiens âgés de 2 à 3 ans a révélé que seuls 5 % d’entre eux respectaient les recommandations d’apport en AEP et en ADH [13]. Des données similaires ont été trouvées concernant les enfants âgés de 4 à 8 ans [14]. Cette carence peut être corrigée soit en augmentant la consommation de poissons gras comme le saumon, ou — ce qui parait plus facile chez l’enfant — grâce à une supplémentation avec une huile de poisson de bonne qualité, apportant AEP et ADH à dose thérapeutique.
L’ADH est un composant structurel de la membrane cellulaire, ce qui revêt une importance particulière dans le cas des cellules cérébrales et nerveuses, pour lesquelles la membrane représente une partie majeure de la cellule [15]. L’ADH est également important pour des cellules d’un type similaire au niveau de la rétine de l’œil et du conduit auditif. L’apport en ADH est primordial, spécialement chez les bébés et les jeunes enfants. La consommation de poisson favorise le développement cognitif de ceux-ci [15]. L’AEP est un antiinflammatoire qui favorise la tolérance immunitaire et diminue le risque d’allergie [16] ; il améliore aussi l’humeur et réduit les problèmes de comportement chez l’enfant. On a constaté que l’huile de poisson riche en EPA était particulièrement efficace dans le cas d’affections telles que la dépression, le trouble bipolaire pédiatrique, et le TDAH [17][18][19].
Références
Philip Rouchotas, MSc, ND
Naturopathe renommé dans la communauté, il est
aussi professeur associé et rédacteur-en-chef
d'Integrated Healthcare Practitioners.